Géolocalisation des salariés, la nouvelle norme pour les entreprises

Publié le 28 septembre 2015

GEOLOCALISATION : MISE EN CONFORMITE AVANT LE 17 JUIN 2016

De plus en plus utilisés, les dispositifs de géolocalisation qui se développent font l’objet d’une attention particulière par les autorités.

Parce-qu’ils apportent des restrictions aux droits et libertés individuelles, ils doivent donc être justifiés par la nature de la tâche à accomplir et proportionnés au but recherché (C.Trav. art. L.1121-1).

Parce-qu’ils permettent généralement de contrôler l’activité du salarié, ils doivent être soumis à l’avis des représentants du personnel lorsqu’ils existent (avis du Comité d’entreprise : C.Trav. art. L.2323-32) et faire l’objet d’une information aux salariés concernés (C. Trav. Art. L.1222-4).

Parce-qu’ils permettent de recueillir des données à caractère personnel, ils doivent être déclarés à la CNIL (Commission Informatique et Libertés).

La CNIL avait adopté en 2006 une recommandation (Délibération Cnil 2006-66 du 16-3-2006) et une norme simplifiée de déclaration de ces dispositifs (norme n°51) qu’elle vient de modifier le 4 juin 2015 (Délibération 2015-165).

La CNIL a ainsi modifié la norme simplifiée de déclaration en renforçant l’encadrement de la géolocalisation des véhicules des salariés : les entreprises et organismes ayant effectué une déclaration simplifiée sur la base de l’ancien texte doivent, si nécessaire, mettre leur traitement en conformité avec la nouvelle norme avant le 17 juin 2016 au plus tard.

 

En résumé, la géolocalisation :

• Est interdite pour contrôler le trajet domicile-travail
• Est interdite pour contrôler les représentants du personnel durant l’exercice de leur mandat
• Est interdite pour contrôler la vitesse maximale du véhicule (ne peut porter que sur la vitesse moyenne)
• Ne peut être utilisée pour contrôler le temps de travail qu’à titre accessoire d’une autre finalité principale et en l’absence de tout autre moyen possible (tel n’est pas le cas, par exemple, et selon la Cour d’appel de Reims, si l’employeur peut contrôler le temps de travail à partir de fiches de chantier que le salarié est tenu d’établir et sur lesquelles celui-ci doit rendre compte de son activité et de l’amplitude horaire travaillée : CA Reims 7-5-2014 n°13-00776) ; elle ne doit pas aboutir à un contrôle permanent  des salariés et n’est pas justifiée pour le contrôler le temps de travail des salariés libres d’organiser celui-ci (VRP, visiteurs médicaux …).

 

La délibération reprend et complète la liste limitative des finalités permettant le recours à la déclaration simplifiée de ces dispositifs, notamment pour :

• Le suivi et la facturation d’une prestation de transport de personnes ou de marchandises ou d’une prestation de services directement liée à l’utilisation du véhicule
• La justification d’une prestation auprès d’un client ou d’un donneur d’ordre
• Le contrôle du respect des règles d’utilisation du véhicule définies par le responsable de traitement (sous réserve de ne pas collecter une donnée de localisation en dehors du temps de travail)
• Assurer la sûreté ou la sécurité du salarié et/ou des marchandises transportées et/ou du véhicule lui-même, notamment contre le vol

 

La géolocalisation est un outil moderne et bien pratique et utile : il serait dommage de s’en priver quand il est si simple de se mettre en règle.
Vanessa LEHMANN, Avocat Associé

Vanessa LEHMANN
Avocat associé

Dans la même thématique

La procédure de mise en demeure mise en œuvre par l’employeur qui entend faire valoir la présomption de démission du salarié en cas d’abandon de poste volontaire.

Publié le 04 mars 2024 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Droit social des employeurs
Depuis le 23 décembre 2022, l’employeur ne peut désormais plus recourir au licenciement pour faute grave pour licencier un salarié ayant volontairement abandonné son poste. C’est ce qu’à nouvellement instauré le législateur dans une récente Loi du 21 décembre 2022 (Loi n°2022-1598) qui créé, à l’article L. 1237-1-1 du Code du travail, la présomption de démission du salarié en cas d’abandon de poste.

Salarié et infraction au code de la route : qui est responsable ?

Publié le 30 janvier 2024 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié
Salarié et infractions au Code de la route : qui est responsable ?

Action de requalification des CDD en CDI : les précisions de la Cour de cassation en 2023

Publié le 29 décembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Droit social des employeurs, Thème : Rédaction des contrats de travail et avenants
En 2023, la Chambre sociale de la Cour de cassation a eu l’occasion de préciser les règles de droit applicables aux contrats à durée déterminée. A défaut, de respect de ces conditions de fond et de forme, la juridiction prud’homale sera habilitée à prononcer la requalification du contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée. 

La dispense de reclassement du salarié inapte strictement encadrée par la loi.

Dans un arrêt rendu le 13 septembre 2023, la chambre sociale de la Cour de cassation a eu à se prononcer sur la régularité d’un licenciement pour inaptitude sans recherche de reclassement et a réaffirmé avec force les conditions strictes auxquelles devait répondre cette procédure.

Preuve de la faute du salarié : le retour du "client mystère" (Cass.soc. 6 septembre 2023)

Publié le 22 novembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Droit social des employeurs
Dans un arrêt du 6 septembre 2023, la chambre sociale de la Cour de Cassation a jugé que la pratique du "client mystère" pour établir d'éventuelles fautes du salarié est licite mais sous certaines conditions.

Congés payés : à vos compteurs ! Le salarié malade continue d'acquérir des congés payés

Publié le 08 novembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié
Ce n’est pas un revirement, c’est une révolution ! Par une série de 7 arrêts (Cass.soc. 13 septembre 2023 22-17.340 à 22-17.342 ; 22-17.638 ; 22-10.529, 22-11.106 et n°22-10.529), la Cour de cassation vient d’apporter un changement drastique dans l’état de notre droit national en matière de congés payés du salarié.

Antidater la rupture conventionnelle, une fausse bonne idée

Pour accélérer la procédure de rupture conventionnelle du contrat de travail, l’employeur et le salarié peuvent parfois s’entendre pour antidater la signature de la convention. Cette pratique s’avère cependant risquée.

Un salarié déclaré inapte en cours de procédure ne peut être licencié pour un autre motif

Dans un arrêt rendu le 8 février 2023, la chambre sociale de la Cour de cassation a eu à statuer sur la possibilité de prononcer un licenciement pour faute, ici lourde, à l’encontre d’un salarié déclaré inapte avant son licenciement.

Le seul dépassement de la durée maximale quotidienne de travail cause un préjudice au salarié ouvrant droit à réparation

Publié le 20 septembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié, Thème : Heures supplémentaires, dépassements des durées légales maximales
Dans un arrêt rendu le 11 mai 2023, la chambre sociale de la Cour de cassation a assoupli sa jurisprudence dans l’intérêt du salarié victime d’un non-respect de la réglementation sur la durée maximale quotidienne de travail.

L’inaptitude du salarié : la recherche de reclassement peut passer par l’aménagement du poste en télétravail

Publié le 07 septembre 2023 - Thème(s) : Thème : Droit du salarié
Dans un arrêt rendu le 29 mars 2023, la chambre sociale de la Cour de cassation est venue préciser l’étendue de l’obligation de reclassement pesant sur l’employeur en cas d’inaptitude du salarié.